QUE FAIT LE SYNDICAT INTERCOMMUNAL DE LA REPPE ?

Sanary et Six-Fours, stations balnéaires qui puent  !!!

La subvention annuelle d'un montant de 1 million d'euros est-elle justifiée ?

                                                       

Un peu d'histoire...

Deux communes voisines. Rivalité des maires, décisions inconséquentes et négligences administratives pourrissent la rivière mitoyenne ainsi que la vie des riverains, depuis près de trente ans.

La Reppe prend sa source au Nord du Beausset.

Elle file sous terre (hors crue), traverse Evenos, jaillit en surface sur la commune d'Ollioules, replonge, émerge peu avant la Méditerranée où elle termine sa course entre Six-Fours et Sanary.

Les cours d'eau sont décidément pénibles : ils rebondissent selon des méandres échappant à toute logique urbaine. Il faut les mâter.

L'Homme s'attaqua à l'estuaire de la Reppe. Surtout l'Homme UDF, dans les années soixante-dix. L'homme UDF se préoccupa du nombre de parkings à proposer aux touristes souhaitant bronzer sur les plages avoisinantes, un peu moins de la préservation de l'écotone. Les élus ignoraient d'ailleurs jusqu'à l'existence de ce mot, écotone [1], quand ils bâtirent en 1979 les deux épis qui conditionnent aujourd'hui le delta de la rivière. La digue de Six-Fours fait 70 mètres, celle de Sanary 180. Sanary a donc la plus grosse !

Pour exprimer son indignation, la Reppe se mit à dégager des odeurs pestilentielles, dans son cours ultime, le long d'immeubles et de maisons individuelles. Depuis, la presse quotidienne nous apprend chaque année (en général au début de l'été) que les riverains n'en peuvent mais, qu'il faut faire quelque chose, que ça ne peut plus durer. 1979-2008 : voilà presque trente ans que ça ne peut plus durer. Autant dire epsilon, au regard de l'échelle temporelle locale [2].

La Reppe n'est pas une rivière domaniale. Quiconque achète un jardinet la surplombant devient propriétaire — et donc responsable — des mètres cubes d'eau relatifs [3]. Les riverains ne sauraient toutefois assumer une gestion globale du site. Après les crues dramatiques de 1973, les neuf cités figurant au tracé de la Reppe ou du grand Vallat [4] installèrent en mairie de Sanary un syndicat intercommunal chargé de veiller sur les deux rivières. Missions : anticiper les problèmes, alerter les pouvoirs publics, proposer des solutions et pourquoi pas, engager des travaux. Pour financer la structure, les habitants furent mis à contribution [5].

Malgré le syndicat, l'estuaire de la Reppe resta envasé, son cours sali par des pollutions diverses, ses rives urbanisées. Les amoureux du cours d'eau regrettaient la négligence des autorités dites compétentes et les riverains, dans des revendications nettement moins désintéressées, se considéraient eux-mêmes abandonnés par les pouvoirs publics (ce qui n'empêcha pas Jean-Sébastien Vialatte et Ferdinand Bernhard, respectivement maires de Six-Fours et Sanary, d'être régulièrement réélus).

Des conseils de copropriété se sont organisés — c'est la résistance canal Clochemerle.
On a inventé une Amicale de la Reppe — résistance canal écolo.
Depuis un quart de siècle, les requêtes croisées des uns et des autres font la navette entre les édiles, le syndicat intercommunal, la Préfecture, la Direction Départementale de l'Équipement et diverses officines plus ou moins spécialisées.

Diagnostics :

Le fait est qu'aucune étude d'impact rigoureuse, qui prendrait en compte chaque élément du dossier, ne semble avoir été jamais conduite. Résultat : les diagnostics, forcément partiels, divergent quand ils ne s'opposent pas, et les solutions envisagées de manière ponctuelle n'ont pas résolu le problème.

En 1998, le syndicat de la Reppe affirmait dans une lettre à la DDE que « l'ensablage important [de l'estuaire] entrave l'écoulement naturel de la rivière et empêche le retour en mer des posidonies amenées par la houle lors des largades [6] ». La plante marine stagne et finit par pourrir, d'où l'odeur. Cette théorie favorable au curage de l'estuaire a longtemps dominé les débats et tient encore la corde chez les savants attablés au zinc à l'heure de l'apéro.

Changement de cap :

Selon des rapports distincts du Centre d'Études Techniques de l'Équipement et du Ministère de l'Agriculture datant de 2001, « il apparaît inutile d'essayer de résoudre le problème soit par curage soit en interrompant le transit des feuilles de posidonies, lesquelles ne concourent sans doute que très peu à la formation des vases ». « Du fait d'un curage trop important et d'une accélération de la circulation de l'eau dues aux berges endurcies et redressées par des murs, le fond du lit a été descendu de peut-être 50cm en 30 ans. On voit bien cet affaissement de part le décaissement des fondations des murs de berge et des traversées d'assainissement, gaz et électricité, qui, d'origine, devaient être enterrées et invisibles. Cette descente permet aux eaux du marécage ancien d'être à fleur d'où ce problème d'odeur ».

Solutions :

Dragages et curages furent entrepris — sans effet sinon celui d'emboucaner davantage les riverains au moment des travaux.
On déversa de la craie comme alternative au curage après le rapport des experts de l'État. Sans effet à moyen terme.
On préconisa la construction d'un radier, la couverture de la rivière, l'extension des digues !
Enfin, le maire de Sanary connut la révélation en regardant l'intégrale des Shadocks à la télé : « j'ai proposé au syndicat une solution, celle de pomper l'eau de mer pour faire EFFET CHASSE. Tout le monde était d'accord, c'est à dire tous les représentants des communes concernées qui phosphorent sur le sujet depuis plus de 20 ans, sauf le maire de Six-Fours qui a refusé pour cause de pollution de ses plages adjacentes » [7].

C'est jamais moi, c'est toujours l'autre. La vieille rivalité entre Sanary et Six-Fours éclaire, au delà du ping-pong administratif et de la mollesse endémique du syndicat de la Reppe (lâché d'ailleurs, au fil des ans, par cinq communes sur neuf), la situation dans toute sa dangereuse absurdité.

Car il y a bien plus grave que les odeurs, même si ces dernières minent au quotidien le moral des riverains : les risques d'inondation.

Le PPRI de la Reppe (Plan de Prévention des Risques d'Inondation) est en discussion depuis 1999, date à laquelle il fut prescrit par le Préfet du Var. Son élaboration flotte quelque part entre les trois communes concernées, Ollioules, Six-Fours et Sanary.
Cela signifie qu'aucun outil d'envergure n'est aujourd'hui opérationnel pour prévenir les crues et limiter leurs effets, sachant que l'envasement de l'estuaire ne peut être qu'un facteur aggravant [8].
« Les petits fleuves côtiers comme le Grand Vallat, la Reppe, le Batailler, le Préconil sont affectés par des crues torrentielles. Pour ces cours d'eau, dont les bassins versants se mesurent en quelques kilomètres carrés, voire dizaine de kilomètres carrés, le temps de montée de la crue est rapide » explique la Préfecture. Et dans une mouture du PPRI datant de 2003, la DDE prévient : « en cas de crue exceptionnelle (centennale), les dégâts matériels seraient considérables [...] Les secteurs d'habitats (maisons individuelles et immeubles collectifs) sont prédominants dans le champ d'inondation. La population résidente en zone inondable est probablement au nombre de plusieurs milliers [9] dans des secteurs où l'on constate parfois plus de deux mètres d'eau. Dans de telles conditions, la probabilité de pertes de vies humaines n'est malheureusement pas négligeable ».

Bah ! Le cas échéant, Bernhard et Vialatte pourront toujours maudire la « catastrophe naturelle » en levant les bras au ciel.

Le maire d'Ollioules Robert Beneventi, qui ne saurait prendre part aux disputes opposant ses deux collègues, est chargé de l'élaboration du Schéma de COhérence Territoriale de l'agglomération toulonnaise (SCOT), un machin « destiné à fixer de grands objectifs et orientations en matière de développement et de préservation du territoire ».
En octobre 2007, il répondait à la énième supplique d'une représentante de riverains de la Reppe ne sachant plus à qui s'adresser :

Rendez-vous dans trente ans....



[1] Espace où deux écosystèmes de nature différente (par exemple eau douce / eau salée) se rencontrent.

[2] Pour étayer cette assertion en évoquant un autre sujet, rappelons que c'est avant 1980 que l'agglomération commença à se pencher sur l'opportunité d'un tramway. En 2008, elle est toujours penchée.

[3] Article L2145-2 modifié du Code de l'Environnement : « le lit des cours d'eau non domaniaux appartient aux propriétaires des deux rives. si les deux rives appartiennent à des propriétaires différents, chacun d'eux a la propriété de la moitié du lit, suivant une ligne que l'on suppose tracée au milieu du cours d'eau, sauf titre ou prescription contraire ».

[4] Cours d'eau voisin, partant du Castellet et achevant sa course dans la baie de Bandol.

[5] 1,15 euro par personne en 2003.

[6] Vents du large.

[7] Conseil municipal du 26 juin 2008.

[8] « Le PPRI est destiné à préserver des vies humaines et à réduire les coûts des dommages causés par une inondation. Il a pour finalité : d'établir une cartographie aussi précise que possible des zones de risque ; d'interdire les implantations humaines dans les zones les plus dangereuses ; de réduire la vulnérabilité des installations existantes ; de préserver les capacités d'écoulement et d'expansion des crues ».

[9] En gras dans le document.


Lire aussi : les risques hydrologiques dans le Var.

EMBOUCHURE DE LA REPPE

À l'Est du pont, Six-Fours-les-plages. À l'Ouest, Sanary-sur-Mer (Google earth).

DEJA, EN 1982...

Outre les odeurs, on sent bien qu'une "amitié" indéfectible lie les deux communes voisines (le docteur Baptiste est alors maire de Six-Fours).

VOUS AVEZ BIEN LU !

Trois décennies après le début de l'affaire, ceux qui le souhaitent peuvent contribuer au lancement d'une démarche d'élaboration qui devrait permettre (au conditionnel) de définir des objectifs et des orientations. C'est certainement ce qu'on appelle le volontarisme en politique.

LIENS UTILES

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Jean-Sébastien Vialatte

http://www.cuverville.org/article54.html

Ferdinand Bernhard

http://www.cuverville.org/article43259.html

Amicale de la Reppe

http://www.aquabaie.com/menu21.php

Centre d'Études Techniques de l'Équipement

http://www.cete-mediterranee.fr/

On déversa de la craie

http://taso.fr/images/files/TASO-Etudes-nautex_2006.pdf

radier

http://fr.wikipedia.org/wiki/Radier

PPRI de la Reppe

http://www.cdig-83.org/virtual/1/lots/PPRI%20LA%20REPPE.pdf

explique la Préfecture

http://www.var.pref.gouv.fr/ddrm/spip.php?article7

Les risques hydrologiques dans le Var.

http://www.var.pref.gouv.fr/ddrm/spip.php?rubrique46

AMICALE DE LA REPPE

Pôle d'économie du patrimoine... Paysage de l'entre terre et mer

Amicale de la Reppe


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